31 janvier 2024, Bonne Année !

Le rapport au temps, une histoire culturelle

Quand je me suis installée à La Réunion, l’une des (dizaines de) différences culturelles qui m’ont interpellées a été le fait de souhaiter une bonne année après le 1er janvier. Que ce soit en Angola ou en Angleterre, je me souviens de la course frénétique à souhaiter une bonne année à nos proches avant que minuit sonne le premier jour de l’an. À vrai dire, j’ai ce souvenir surtout en Angleterre, car en Angola j’étais trop jeune pour ressentir la pression des comportements socialement admis ou requis dans le monde des adultes. Au début, je trouvais cela tout simplement bizarre quand mes connaissances me lançaient un << Bonne Année, Meilleurs Voeux ! >> avec tant d’enthousiasme, alors qu’on était le 13 janvier. Petit à petit, j’ai pris goût moi aussi à faire la même chose.

Cela me rappelle une autre différence culturelle qui me perturbait aussi : le fait que beaucoup de magasins ferment entre midi et deux. À Londres je n’avais jamais connu ça. Mes pauses les plus longues duraient entre quinze et vingt minutes, le temps de prendre un cornet de frites au vinaigre ou un sandwich au concombre. À La Réunion, comme en France métropolitaine, j’ai réappris qu’il est culturellement acceptable de prendre son temps – je dis ‘réappris’ car en Angola c’est le cas aussi, mais mon adolescence londonienne m’a fait oublier ce rapport au temps.

Changer de regard

Aujourd’hui, douze ans après l’ouverture de K’Osez, j’ose maintenant aussi prendre ce temps si précieux. J’ai décidé de commencer l’année en m’offrant un mois entier pour faire un bilan, pour ralentir, pour créer de l’espace afin d’aller à l’essentiel. Cette semaine j’ai osé dire à une cliente potentielle, prête à investir un budget de 3500€ de son CPF pour se former à l’anglais, que je ne pensais pas que ce soit le bon moment pour elle. Le mois de janvier est propice à attirer beaucoup de personnes pour qui apprendre une langue est une ‘résolution’ pour l’année et qui se précipitent pour s’inscrire à des cours de langues au même temps qu’elle reprennent le Yoga, la natation, la zumba et ont l’objectif de boire 2 litres d’eau par jour, arrêter de scroller sur Instagram et appeler tatie Jacqueline plus souvent. J’étais l’une de ces personnes et je me suis souvent retrouvée le 4 février avec le sentiment que mon année était déjà foutue (‘vivement le 31 décembre pour des nouvelles résolutions !’)

Ralentir pour offrir un meilleur accompagnement

Ces dernières années j’ai vu l’impact que notre approche BLOSSOM a sur nos apprenants. Je n’ai plus aucun doute que l’acquisition linguistique est un véritable outil de connaissance de soi et d’épanouissement. J’ai vu les prises de conscience, les larmes, la fierté après les petites et grandes victoires dans les yeux des apprenants qui se sont vraiment engagés dans un parcours d’apprentissage d’une langue avec nous. Ce sont eux que nous avons envie d’accompagner aujourd’hui – ceux qui savent que c’est le moment d’oser, sans pour autant se mettre la pression ‘d’apprendre l’anglais en 20H’. Ceux qui comprennent l’importance d’avoir un cadre, des objectifs clairs, de la discipline et de la patience. Surtout, ceux qui sont prêts à accepter qu’apprendre une langue c’est parfois toucher à des zones d’inconfort qu’on préférerait fuire car on touche parfois à des vieilles blessures. Nous ne sommes pas thérapeutes, mais grâce à notre approche BLOSSOM, l’apprentissage des langues est notre outil pour accompagner chaque apprenant vers un espace d’acceptation de soi et d’épanouissement linguistique. Cela nous demande une énorme qualité de présence, de la bienveillance et… du temps !

C’est pour cela que nous avons décidé de ralentir pour pouvoir mieux accompagner chacun de nos apprenants. En 2024, notre devise à K’Osez sera ‘LESS IS MORE’. Car notre souhait est aussi d’inviter nos K’Oseurs à ralentir, à prendre le temps, à faire moins de choses mais avec plus d’attention et de présence.

Sur ce, nous vous souhaitons une ‘Bonne Année, Meilleurs Voeux’ !

Daniela

(Cette photo me touche beaucoup. C’était un moment ‘hors temps’ – Cobie et deux de nos apprenants regardaient le lever du jour lors de notre dernière immersion BLOSSOM in English.)